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2024 édition #3

David Smétanine : « Le sport et la natation en général m’ont appris à transformer mes échecs en victoire. « 

Nino, Jules, Bastian et Gulser

Pouvez-vous présenter ?
Je m’appelle David Smétanine. Je suis nageur paralympique en préparation actuellement sur ce qui seraient, je l’espère, mes 6èmes jeux avec Paris 2024. Je suis sportif de haut niveau depuis un certain nombre d’années. J’ai participé à 7 championnats du monde, 8 championnats d’Europe bientôt puisque j’ai été sélectionné pour mon 8ème championnat d’Europe en avril au Portugal à Madère. J’ai participé à 5 jeux pour l’instant et gagné 9 médailles paralympiques notamment un doublé en or en 2008 et j’ai un record national de records de France toutes catégories confondues et disciplines confondues paralympiques ou olympiques. J’ai été 157 fois champion de France.


Combien de médailles avez-vous gagné ?
157 au niveau national, 10 au niveau mondial, 13 au niveau européen, 9 paralympiques, plusieurs dans des championnats internationaux…Je n’ai pas fait le total mais à la louche ça doit faire 230.


Combien de fois avez-vous été sélectionné aux Jeux Paralympiques ?
5 fois et j’espère qu’il y en aura une 6ème en juin prochain. En mai, nous avons les championnats de France à Chalons sur Saône, ce sera notre lieu de sélection pour Paris 2024 mais il y aura une étape de coupe du monde quelques semaines après à Limoges et la commission de sélection aura probablement lieu fin juin.


Comment vous êtes-vous retrouvé dans un fauteuil roulant ?
C’est généralement soit lié à une maladie soit à un accident. En l’occurrence, c’est un accident de la route, de voiture, il y a longtemps, 1995, qui est lié à une fracture de la colonne vertébrale. J’ai ma colonne qui s’est cassée deux fois et quand on touche la colonne vertébrale, il y a une chance de toucher la moelle épinière. C’est tout le système nerveux qui commande les nerfs et ensuite les muscles du corps donc ça crée une paralysie partielle ou définitive. Chez moi, ça a été partielle, tant mieux et comme je ne peux pas marcher aussi bien que vous, je me déplace en fauteuil la plupart du temps.


Est-ce facile de pratiquer la natation quand on est en fauteuil roulant ?
Ce n’est pas par rapport au fauteuil à proprement dit, le fauteuil c’est un objet pour se déplacer comme un vélo ou une trottinette, mais par rapport au handicap en général et le fait de ne pas avoir toute la mobilité des jambes. C’est un petit peu plus dur car il faut se concentrer sur la partie technique et ça demande un peu plus de travail par rapport à quelqu’un qui a ses jambes qui sont forcément un moteur supplémentaire et un peu plus d’équilibre du corps. Même si tout le monde flotte, l’équilibre est important donc il y a un gros travail technique sur le haut du corps mais la natation reste un sport difficile en général. Après le handicap, ça devient presque anecdotique à coté. Quand on a fait ce choix d’être sportif de haut niveau, on s’entrain très dur et sérieusement et le handicap vient en second.


Que vous apporte la natation ?
D’abord, le sport, c’est la santé. Quand on bouge les bras, les jambes, on est en bonne santé et aussi parce que l’eau masse le corps. Il y a aussi un travail énergétique intéressant quand on nage, dans le sens où on dépense des calories, donc pas de prise de poids trop importante car si on a trop de poids on a du mal à se déplacer même en fauteuil roulant et même plus parfois. Après l’aspect santé, il y a l’aspect autonomique. Quand on fait du sport, on est plus athlétique donc on se déplace n’importe où. Et après, il y a bien sûr , la question de la performance du sport de haut niveau qui m’a apporté des résultats incroyables donc forcément beaucoup de plaisir, beaucoup de bonheur, de joie, une satisfaction personnelle, une confiance en moi qui est importante aussi et ça m’a ouvert des portes sur le plan professionnel.
Le sport et la natation en général, m’ont appris à transformer mes échecs en victoire.


Combien d’heures vous entrainez-vous par jour ?
Par jour, c’est à peu près 4h30, 5 heures en moyenne. Aujourd’hui, c’est 2 fois 2 heures dans l’eau et 30 minutes de gainage ou de travail sur les épaules. Hier, on a fait un peu plus, j’avais une séance de muscu 1 heure plus 2 fois 2 heures dans l’eau.


Est-ce fatiguant ?
Oui, c’est le propre du sport en général. Ca demande de faire bien attention à bien récupérer, à bien manger…. Ce n’est pas de faire du sport, c’est ce qu’on fait à l’entrainement qui est fatiguant. Le contenu de l’entrainement est très sollicitant et très dur. Ca demande à être très attentif pour bien récupérer. A la fin de la semaine, je suis très fatigué parce que le corps a beaucoup souffert, parce qu’on a vraiment beaucoup donné de notre engagement physique et mental.


Avez-vous un coach ?
J’en ai même 2 : J’ai un entraineur et un entraineur assistant. A côté de ça, j’ai un diététicien, une kiné, un ostéopathe. Ils travaillent sur tout ce qui est médical et santé pour être sûr que le corps va bien, que les vertèbres soient en place, qu’au niveau musculaire, tout se passe bien aussi. Ca fait partie de la récupération toutes ces choses. Mais j’ai 2 entraineurs.


Avez-vous rencontré d’autres champions de natation ?
Oui, on en rencontre souvent en compétition que ce soit en compétition paralympique, handisport ou au championnat du monde. J’ai rencontré un autre champion sous la douche après l’entrainement par plus tard que ce matin : Florent Manaudou. Je m’entraine dans le même club et même bassin. On se croise souvent entre sportifs de l’équipe de France.


Pratiquez-vous un autre sport ?
Je pratique le ski en loisirs, ski nordique ou alpin mais pas beaucoup parce que je n’ai pas beaucoup le temps malheureusement. La natation demande beaucoup de travail toute l’année. On s’entraine 2 fois par jour tous les jours. On passe 350 jours à s’entrainer sur 365. Ca laisse peu de temps pour faire autre chose.


Merci beaucoup pour le temps que vous nous avez accordé.
Nous sommes tous derrière vous pour les Jeux paralympiques !!!