Atelier mené avec Aude Favre
Centre social Au Fil de Lambre, Sonnay
Nous avons enquêté sur la prise d’otages du 29 août 1944, par une unité allemande de la Panzer Division NA 89. Pour cela, nous nous sommes appuyés sur des articles de journaux et sur les archives du Mémorial de l’Oppression (un organisme créé à la fin de la guerre pour faire la lumière sur les crimes de guerre allemands) fournies par les Archives Départementales de l’Isère.
Retrouvez notre reportage vidéo au bas de l'article
Cette aventure journalistique est née d’une discussion entre Paul, lycéen passionné d’histoire, et Maxime, animateur du centre social Au fil de Lambre, dont le grand-père a été directement victime de l’évènement car il a perdu son père ce jour-là.
En ce 29 août 1944, deux estafettes allemandes en side-car, qui étaient en tête du convoi et se dirigeaient vers Beaurepaire, ont été abattues au lieu-dit « La Bâtie » sur la commune de Chanas. Comme les autres unités allemandes situées dans la région, elles se repliaient alors en direction de l’Allemagne, après le débarquement des alliés en Provence.
Selon la règle en vigueur, des représailles vont alors être mises en place : un soldat allemand abattu provoque la mort de dix Français. La division allemande a échoué à capturer les tireurs et a investi le village et les environs, en faisant une rafle : 18 personnes seront amenées dans une grange de Chanas, pour être ensuite assassinées.
D’après les archives que nous avons pu consulter et les témoins rencontrés, des incertitudes subsistent quant aux circonstances précises de l’évènement.
Nous avons rencontré et recueilli le témoignage de Bernard Peluyet, le grand-père de Maxime. Aujourd’hui âgé de 87 ans, il avait 9 ans au moment des faits. Bernard nous a fait partager sa détresse d’enfant, sa difficulté à grandir sans père et son désespoir de savoir que de nombreuses familles souffrent actuellement de la guerre.
Renée, qui avait 8 ans à l’époque, nous a elle aussi livré son expérience, pour le moins déroutante. Ce jour-là, à la demande des Allemands, elle leur a servi la soupe. L’un d’entre eux lui a donné un bonbon au citron qu’elle a trouvé délicieux, un souvenir qui la marque encore aujourd’hui.
Nous avons eu la chance de rencontrer également Jean Astruc, qui lui aussi a vécu cet évènement étant enfant. Il en a témoigné dans le livre « Agnin des autres fois ». Avec lui, nous avons parcouru les routes d’Agnin et de Chanas, pour visiter les lieux marquants de ce drame. Aujourd’hui, plus de trace de la grange. Pour approcher les lieux du crime, il faut se rendre à proximité du mémorial de Chanas. De nouvelles constructions sont apparues. Alors que nous passons devant le moulin de Chanas, Jean Astruc nous explique que Marius Magaud aurait été forcé à creuser sa tombe à cet endroit avant d’être assassiné.
Quant à l’arrière-grand-père de Maxime, il aurait été enlevé peu après être allé chercher du pain, au niveau de la croix située sur le chemin de Lambroz, ce que son arrière-petit-fils a découvert avec nous lors de cette enquête.
Personnes exécutées le 29 août 1944
ANSELMET Victor A.
ANSELMET Victor P.
AUBERT Marius
BELLOTO Agostino
BLAIN Marius
BOURDE Francis
BRUNET Émile
CLÉMARON Lucien
LESPINACHE Léon
MARCHAND Pierre
MASSOT Pierre
MICON André
MOREL Paul
PELUYET Marcel
PONCHON Marius
SAUVAGEON Francis
STERLE Louis
VERRIER André
Personne exécutée le 30 août 1944
MAGAUD Henri
SOURCES :
Arch. dép. Rhône, Mémorial de l’Oppression : 3808W 417, 446 et 447 — BERGER Jean-Daniel, Comme un essaim de guêpes… Résistance et guérilla en R1, secteur VI Rhône-Isère : en 2 volumes : Tome 1, Juin 1940-juin 1944, Tome 2, Juin-septembre 1944, Impressions Modernes (Guilherand-Granges), 20
Le Maitron, dictionnaire biographique des fusillés, guillotinés, exécutés massacrés 1940-1944 (https://fusilles-40-44.maitron.fr/spip.php?article220572)
Beaurepaire dans la tourmente des répressions contre la résistance